Une institutrice dans les Brigades internationales
Auteur : Lisette Vincent
Titre : Histoire d’une colonie d’enfants espagnols. Une institutrice dans les Brigades internationales
Genre : Témoignage historique
Mots clefs : Guerre d’Espagne – Brigades internationales – Antifascisme – Volontaires internationaux – Volontariat féminin – Pédagogie Freinet – Enfants réfugiés
Collection : « Espagne / ACER – Volontaires en Espagne républicaine »
Notes et appareil critique réalisés par Édouard Sill (historien)
Format : 120 pages ; 18 x 12 cm ; relié
Parution : 15 septembre 2023
ISBN 978-2-9584435-2-8
Prix : 12 €
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Résumé : Ce texte a été rédigé par Lisette Vincent début 1939, peut-être à la demande du chef des Brigades internationales lorsque, après la défaite de l’Espagne républicaine, on voulut populariser la geste des Volontaires de la liberté en Espagne, devenus des vétérans. Le pacte germano-soviétique puis la Seconde Guerre mondiale changèrent la donne, et le témoignage de cette volontaire, jeune femme venue d’Algérie, demeura inédit. Lisette Vincent rejoignit l’Espagne en 1938. Son récit relate sa courte mais exceptionnelle expérience dans les Brigades internationales, tandis que celles-ci étaient repliées sur la Catalogne. Elle fut envoyée dans un foyer créé par les Brigades pour les enfants réfugiés espagnols, dans l’arrière- pays catalan, à Farners de la Selva (qui a repris aujourd’hui son nom d’avant-guerre, Santa Coloma de Farners) était installé l’Hôpital militaire n° 5 des Brigades internationales.
Il y avait beaucoup d’enfants réfugiés dans ce village de l’arrière. La création d’une école suivit celle d’un réfectoire infantile, il fallait désormais trouver un professionnel pour s’occuper des écoliers. Elle raconte son action auprès des enfants et ses efforts pour instruire ses petits élèves, dont elle parle encore mal la langue, selon des méthodes pédagogiques innovantes souvent déroutantes pour la population catalane. L’offensive franquiste balaye bientôt son
travail et jette les enfants et leur maitresse sur les routes des Pyrénées, pour fuir vers la France.
Extrait : Depuis des mois, j’ai entendu parler de ces Brigades. Leur geste héroïque me paraissait un récit fabuleux, irréel. Et je me trouve brusquement dans leur vie. Je sens mon cœur se gonfler de joie, d’orgueil. J’ouvre mes yeux tout grands. Et mes oreilles… car je suis entourée de « Babéliens » qui parlent toutes les langues. Et cela m’enchante. Il me semble entrer dans un monde nouveau, inconnu. Le chauffeur est Allemand, un des graisseurs nègre, l’autre Chinois. Ils parlent cette langue qui est devenue internationale, l’espagnol, mais chacun avec l’accent de son pays. Une infirmière hollandaise sera ma compagne jusqu’à Mataró. Tous me tutoient et me font entrer simplement dans leur grande famille. Et moi, j’en éprouve quelque honte. J’ai le sentiment, que je garderai longtemps après, que je crois même avoir toujours gardé, de ne pas mériter cet honneur. Et, chaque fois que les gens diront : « C’est une Internationale », j’aurai sur les lèvres des paroles de protestation. J’ai tellement vu de femmes admirables dans ce corps d’élite !…
Lisette VINCENT
Institutrice en Algérie, communiste, homosexuelle, pionnière de la pédagogie Freinet et militante anticoloniale, elle s’engage en 1938 dans les Brigades internationales. Dans l’arrière-pays catalan, à Coloma de Farners, elle prend la tête d’une école créée par les volontaires internationaux pour les enfants espagnols réfugiés. Après l’Espagne, membre du Parti communiste algérien, elle s’engage dans la Résistance puis dans la lutte pour l’indépendance algérienne.